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Les JO de Paris seront-ils vraiment écolos ?

Marion Gaulin (Nouvelle Empreinte)

30 avril 2024

S'il y a bien un sujet sur lequel on nous a bien informés cette année, ce sont les Jeux Olympiques et Jeux Paralympiques. Et il y a surtout une notion qu'on ne peut plus dissocier des Jeux :
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En effet, les JO seraient les premiers jeux à impact environnemental positif, c'est-à-dire qu’ils devraient absorber plus de CO2 qu’ils n’en émettraient. Une ambition portée depuis le début par la maire de Paris, Anne Hidalgo : “les Jeux seront écolos ou ne seront pas”.

Réduire de moitié l’empreinte carbone par rapport à Londres 2012 (3,5 millions de tonnes équivalent Co2) ou à Rio 2016 (3,6 millions de tonnes de CO2), c’est un sacré challenge pour un évènement d’une telle envergure.

À moins de 100 jours du lancement des JO, nous avons souhaité faire le point : les JO seront-ils vraiment écolos, comme promis ?

À l’origine, des engagements qui font rêver.

  • Respecter les Accords de Paris Le Comité Olympique de Paris 2024 a annoncé réaliser des Jeux alignés avec les Accords de Paris. Pour rappel, il s’agit d’un traité international adopté en 2015 dont l’objectif est de maintenir la hausse de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, et de préférence en dessous des 1,5°C.
  • Un budget carbone Afin de tenir ses engagements, Paris 2024 s’est donc fixé un « budget carbone » à nepas dépasser, du jamais vu dans l’histoire des JO. Les Jeux ne devront donc pas émettre plus de 1,58 million de tonnes équivalent CO2.
  • 55% des émissions de gaz à effet de serre L’objectif est précisément de réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux Jeux de Londres de 2012. Pour y arriver, les JO vont devoir agir à plusieurs niveaux : miser sur les énergies renouvelables, opter pour une alimentation certifiée, faciliter l’accès en transports propres (vélo, marche, transports en commun), limiter les constructions neuves, etc.

Paris tenus ? (sans mauvais jeu de mots)


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  • 95% d’infrastructures existantes ou temporaires Dans la répartition des émissions de gaz à effet de serre, la construction représenterait un tiers des émissions totales des JO. Afin de respecter ses engagements, le Comité a annoncé avoir recours à la filière bois (en majorité français) pour 80% des bâtiments neufs et minimiser l’impact des constructions.

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La future toiture de la piscine olympique sera constituée d’une charpente en bois issue des forêts éco-certifiées des Vosges et du Jura (source : Ville de Paris).

Par ailleurs, ce projet favorise le réemploi des matériaux, puisqu'une fois démontée, la charpente peut se transformer en mobilier. L’association de menuiserie sociale et solidaire Extramuros en a récupéré quelques mètres cubes pour la fabrication de meubles extérieurs.

On dit souvent que ce qui pollue le moins est ce qui existe déjà. Et c’est pour cela qu’il a été décidé que 95% des infrastructures seront existantes ou temporaires, afin de ne pas engendrer de constructions supplémentaires.

Bonne nouvelle, mais à quel prix ?

Réutiliser des infrastructures existantes pour les épreuves et les logements, c’est en théorie une bonne idée. Mais en pratique, un point nous interpelle.

Cette décision se fait au détriment des étudiants : plus de 2000 logements des résidences Crous (Centre Régional des Oeuvres Universitaires et Scolaires) franciliens seront réquisitionnés pour y loger du personnel, dont certains dès le mois d’avril. Et non, ce n’est ni une mauvaise blague ni le titre du dernier article du Gorafi.

Le Crous assure avoir envoyé un questionnaire aux étudiants et reçu près de 1450 demandes de relogement. Les concernés recevront une indemnité de 100 euros et deux places pour assister aux Jeux.

unnamed (2).png Source : Le Parisien avec AFP

Le scandale de l’épreuve de surf

Vous n’êtes certainement pas passés à côté de cette affaire. À Teahupo’o, lieu mythique des compétitions internationales de surf à Tahiti, le Comité Paris 2024 souhaitait remplacer la tour des juges actuelle en bois, par une tour plus imposante en aluminium, accrochée au corail.

Sauf qu’une telle construction porterait gravement atteinte à la biodiversité marine de la zone. Des premiers tests effectués en décembre 2023 ont déjà causé des premiers dégâts sur les coraux : une barge qui transportait des outils pour créer les infrastructures a détruit « un bon mètre carré » de corail sur son passage. Une des plage de sable noir a également été détruit à coups de pelleteuse pour en retirer le sable. Le comble de l’histoire, la destruction du récif corallien pourrait perturber la formation de la vague mythique de Teahupo’o.

Face aux multiples contestations et pétitions locales puis nationales, le projet d’une nouvelle tour plus sobre a été validé :

  • Une surface réduite : de 150 à 50m2.
  • Un poids allégé : 14 à 9 tonnes
  • Moins de personnes et de matériels prévus : 25 à 30 contre 40 dans le projet initial.
  • Installation temporaire pour la fourniture d’électricité, en évitant les zones coralliennes très sensibles.
  • Les associations locales ont été invitées par le gouvernement polynésien à se rendre sur site à chaque étape de la mise en œuvre de la nouvelle tour.

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  • Une alimentation locale et durable

Pays de la gastronomie avec beaucoup de spécialités régionales à base de viande, la France a décidé de relever le défi : un tiers de l’offre de restauration du village olympique sera végétalisée.

Parmi les recommandations de WWF sur les engagements à prendre pour respecter le “budget carbone”, l’alimentation sur les Jeux doit être 100% certifiée (agriculture Bio, Label Rouge, Appellation d’Origine Protégée, Commerce équitable, etc).

En réalité, pour réduire l’empreinte carbone des menus, l’accent sera principalement mis sur des produits locaux, 25 % des produits seront sourcés à moins de 250 km des sites olympiques, et moins de protéines animales.

Plus de 500 recettes seront proposées aux athlètes et les chefs qui travailleront aux côtés de Sodexo Live! ont déjà imaginé leur plat phare : pintade aux écrevisses par la cheffe Amandine Chaignot, muesli au quinoa par le chef Akrame Benallal, plats à base de légumes et légumineuses par le chef Alexandre Mazzia ou encore le plat signature de Sodexoo Live!, un dahl de lentilles vertes d’Ile-de-France, skyr à la coriandre et huile maïs.
unnamed (4).png Le chef du village olympique, Charles Guilloy, a élaboré les 500 recettes qui seront servies pendant les JO. (Source : francetvinfo.fr / THOMAS SAMSON / AFP)
L’offre végétale sera donc bien au rendez-vous et représente un vrai tournant pour la cuisine française qui montre qu’elle se modernise. C’est également l’opportunité d’inspirer à changer ses habitudes, en montrant que ce type de cuisine peut tout à faire être désirable, savoureuse et nutritive.

Des sponsors à la trajectoire climat incompatible avec l’Accord de Paris

Pour contenir ces beaux plats, le Comité des jeux souhaitait éviter le plastique à usage unique. Paris 2024 comptait donc sur la “créativité” des entreprises partenaires pour s’inscrire dans une trajectoire zéro déchet et zéro plastique à usage unique. À quelques mois du début des épreuves, l’ambition est finalement plus modeste. Il est désormais question de diviser par deux le plastique à usage unique par rapport aux Jeux de Londres de 2012.

Certes, le réemploi est prévu, mais le partenaire mondial des JO se trouve être le champion du monde de la pollution plastique, nous avons nommé Coca-Cola. Premier hic, Coca-Cola se cache derrière une “fausse solution” qui est de proposer des plastiques en plastique PET recyclé pour question de praticité dans certaines situations. Seulement, le plastique, même recyclé, reste un déchet en plastique à usage unique.

Second hic pour réaliser les “JO les plus écolos”, Coca-Cola se trouve être parmi les plus gros pollueurs du monde selon Break From Plastik, tout comme Danone, lui aussi partenaire officiel des JO.
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  • Objectif 100% d’énergies renouvelables

C’est l’objectif de base : approvisionner les Jeux à 100% en énergies renouvelables. Est-ce possible ? Selon François Xavier Bonaille, directeur du développement commercial et partenariat Paris 2024, la France a une expertise technique à valoriser dans ce secteur.

EDF, partenaire et fournisseur officiel des JO 2024, mise sur huit fermes éoliennes et solaires, réparties sur tout le territoire, afin d’assurer une capacité de production d’électricité suffisante quelles que soient les conditions météo.

Par ailleurs, les sites des épreuves vont, eux aussi, pouvoir assurer une partie de la production de l’électricité grâce à des installations solaires sur la toiture du centre aquatique à Saint-Denis par exemple ou encore sur la Seine via un container maritime.
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  • Des déplacements moins polluants

Le point « transports » est certainement celui qui nuit le plus aux engagements hsitoriques, car c’est le plus impactant.

D’ailleurs, si vous avez déjà calculé votre empreinte carbone, vous avez pu constater que le facteur transport est celui pèse le plus dans la balance… et qui peut annuler tous les efforts fait à côté.

Selon Carbon Market Watch, les transports seraient responsables d’environ 40% des émissions de gaz à effet de serre de l’évènement.

De son côté, le Comité des Jeux a mis en places des solutions telles que : un partenariat avec Eurostar pour faire voyager les athlètes Belges, Néerlandais et Britanniques en train, 800 bornes de recharge pour accueillir les 1200 voitures électriques déployées dans le cadre de l’évènement, (EDF prévoit d’ailleurs de récupérer ainsi les bornes pour son propre usage sur ses sites.) 150km de pistes cyclables pérennes et temporaires vers les sites des épreuves.

En revanche, si Paris 2024 propose des solutions aux athlètes et encourage à une mobilité plus douce sur place, le Comité n’a aucune influence sur le mode de transport des 15 millions de spectateurs attendus, dont près de 2 millions venant de l’étranger.

Un bilan plus que mitigé

Dans la catégorie des “JO les plus écolos”, nous allons devoir renoncer à la médaille d’or pour le moment. En conclusion, on note la prise d’engagements de taille et des ambitions encourageantes, mais qui sont finalement revues à la baisse à l’approche des Jeux et quelques “fausses routes” à certains sujets (des injustices sociales, un impact “transport” colossal et mal maîtrisé, des sponsors à la trajectoire climat incompatible avec les Accords de Paris, etc).

Selon César Dugast, expert énergie-climat au sein du cabinet Carbone 4, le problème est plus profond et reposerait sur le modèle actuel des JO qui ne serait pas compatible avec les objectifs climatiques : “il faut sortir du méga-événement centralisé dans une seule ville, pour répartir les disciplines dans différents pays, et développer des fanzones décentralisées”.

Alors, quelle récompense méritent ces JO selon vous ?

Pour aller plus loin :

  • Les 7 paris des JO : https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/environnement-les-sept-paris-des-jo-de-2024-2041441
  • Les recommandations de WWF : https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2023-06/Paris 2024 FR WEB.pdf
  • Les JO pollueront plus que prévu : https://reporterre.net/JO-2024-un-bilan-carbone-plus-lourd-que-prevu
  • Moins de viande pour les JO 2024 à Paris https://www.lepoint.fr/societe/moins-de-viande-pour-les-jo-2024-a-paris-11-09-2023-2534903_23.php
  • La Charpente en bois de la piscine olympique https://www.ouest-france.fr/jeux-olympiques/jo-de-paris-2024-la-charpente-en-bois-de-la-piscine-olympique-demontee-se-transforme-en-mobilier-1d656098-c70a-11ed-97ad-1a193e48a1bd

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