Une agriculture face aux défis du XXIe siècle
Réchauffement climatique, crise de la biodiversité, mais aussi résilience alimentaire, aléas climatiques et pertes agricoles… et si l’agroécologie avait une solution à proposer ?
Des pertes dans les champs, des récoltes affectées par des sécheresses ou des pluies torrentielles, une dépendance à des intrants chimiques dérivés du pétrole et du gaz, un appauvrissement de la biodiversité… Ces problématiques sont bien réelles et concernent autant les agriculteurs que nous, consommateurs. Nos exploitations agricoles sont de moins en moins résilientes face à des aléas climatiques qui s'intensifient, notamment par l'appauvrissement et la fatigue des sols. Une proposition de solution existe déjà, discrètement, mais sûrement : l’agroécologie.
L’agroécologie, ce n’est pas une révolution qui balaie tout sur son passage. C’est plutôt une évolution, un retour à des pratiques agricoles intégrées dans leur écosystème, plus respectueuses des sols et du vivant, tout en s’appuyant sur la recherche expérimentale et les innovations d’aujourd’hui.
Quand on parle d’agroécologie, on parle d’une démarche qui englobe énormément de pratiques, notamment l’agriculture biologique.
Plus de la moitié des Français déclarent connaître l’agroécologie (53%), pourtant, seuls 17% déclarent savoir précisément de quoi il s’agit. En parallèle, l’accès à une nourriture saine et de qualité constitue un critère majeur pour une moitié de Français.
Source : Terre et Humanisme - Les français et l'agroécologie (2022)
En gros, c’est une transition gagnant-gagnant pour la planète, les producteurs et les consommateurs. L’idée ici n’est pas de jeter la pierre aux pratiques actuelles, mais de montrer que des solutions accessibles et adaptées à chaque exploitation existent déjà. Même si l’agriculture biologique reste l’une des formes les plus reconnues, on peut retrouver des pratiques agroécologiques dans de nombreuses exploitations qui ne sont pas nécessairement en bio !
92% des agriculteurs considéraient d’ailleurs avoir au moins une démarche agroécologique sur leur exploitation.
Source : Ministère de l’agriculture (2017)
Comprendre l’agroécologie : l’agriculture qui fait du bien aux sols, à la biodiversité et aux hommes
Définition
Mais l’agroécologie, qu’est-ce que c’est vraiment ? (promis, ce n'est pas compliqué !)
Vous l’aurez deviné, l’agroécologie, c’est un ensemble de pratiques agricoles inspirées de l’écologie et de l’agronomie. En fait, il s’agit de pratiques qui collaborent avec ce que le vivant, la nature et les écosystèmes ont à nous offrir.
Vivian installé sur la ferme du Trey qui tient en main de la féverole, très intéressante pour capter l'azote et le fixer dans le sol
Pour n’en nommer que quelques-unes, (mais on en parlera tout le long de cet article) il y a par exemple la rotation des cultures qui consiste à alterner différentes cultures sur une même parcelle au fil du temps. Son but, c’est de réduire la pression en maladies et ravageurs spécifiques à une culture donnée, tout en améliorant la fertilité du sol. Par exemple, en intégrant des légumineuses qui permettent de stocker l’azote de l’air dans les rotations.
Il y a aussi l’agroforesterie, qui intègre des arbres dans les systèmes agricoles (donc entre ou dans les champs !) et ça, ça permet de protéger les sols contre l'érosion*, de booster la biodiversité ou encore de stocker du carbone.
Plantation d'arbres sur l'exploitation de Suzanna
L’érosion, c'est l’usure et la dégradation du sol, qui peut être naturelle et/ou liée à l’activité humaine. Le gros problème, c’est qu’il faut des centaines, voire des milliers d’années pour former quelques centimètres de sol. Avec l’érosion, le sol disparaît plus vite qu’il ne se reconstitue. Source : FAO
Par exemple, Suzanna, élève des bufflonnes en Bretagne. Sur son exploitation, elle a planté 600 arbres entre ses parcelles. Merisier, frêne, murier blanc, champêtre et quelques fruitiers (pommiers, cerisiers, poiriers…) vont permettre de ramener de la biodiversité, de la matière organique grâce aux feuilles, participer à la pollinisation et à fournir du fourrage aux animaux.
💡Suzanna a pu s’installer avec ses bufflonnes pour faire de la mozzarella grâce à la démarche de FEVE qui permet de faciliter l’installation agricole grâce à l’épargne citoyenne.
Suzanna et ses bufflonnes (crédit photo : Lou Mouronval)
L’agroécologie pour répondre aux grands défis agricoles
Ok, vous commencez à y voir plus clair ? Mais du coup, vous vous demandez sûrement comment planter des arbres sur les parcelles et alterner les cultures peut répondre à tous les défis que les agriculteurs rencontrent actuellement. Accrochez vos ceintures, on va tout vous expliquer 👇
Faire face aux aléas climatiques
Le sixième rapport du GIEC met en lumière un point important : les pratiques agroécologiques contribuent à atténuer le changement climatique. Et c’est un cercle vertueux ! L’un va favoriser l’autre et vice versa ! Pour être plus clair, voici un exemple 👇
Laisser un sol nu, c’est comme laisser une maison sans toit : quand il pleut, ça craint.
Un sol nu ne retient pas l’eau. Sur un sol nu et donc compact, l’eau ruisselle sans vraiment pénétrer et devient une cause directe de l’érosion dont on parlait plus haut. Mais en couvrant les sols (c’est-à-dire en y plantant des choses 😉), on les protège des intempéries et on améliore leur structure. Les racines des plantes des couverts (et les vers de terre !) décompactent la terre et augmentent ainsi sa capacité à retenir l’eau, les nutriments et ça retient le sol sur place.
Le trèfle incarnat : un engrais vert et couvert végétal
Résultat : des sols plus résistants face aux sécheresses et aux inondations.
Et comme vous le savez, les sécheresses et inondations, ce sont de vrais aléas climatiques de plus en plus fréquents et intenses. Adopter des pratiques agroécologiques, c’est être plus résistant face à ces aléas et tout en limitant son impact sur le changement climatique.
Garantir des rendements durables sans épuiser les sols
Un sol peut être très sec ou compact comme vu précédemment, mais il peut aussi être moins riche. Riche en quoi ? Et bien en micro-organismes (les petites bébêtes, les champignons, les bactéries…) qui le peuplent afin de le rendre intéressant pour les plantes qui vont y pousser !
Or certains sols sont épuisés. Pas de fatigue, non, non, en micro-organismes. Comme appauvri. Les causes possibles ? Une pratique trop intensive : labour fréquent et profond, qui déstructure le sol et détruit les habitats de la vie du sol, usage massif de produits chimiques ou un manque de diversité culturale. Tout cela réduisant la capacité des sols et de la biodiversité qui les peuple à fournir les nutriments nécessaires aux plantes.
L’épuisement des sols, combiné à l’érosion et à la perte de biodiversité, a un impact direct sur les rendements agricoles.
Les pratiques agroécologiques viennent donc à la rescousse en apportant la matière organique des sols (résidus de cultures, végétaux, compost, fumier…). Et cette matière organique, c’est un véritable carburant pour les micro-organismes du sol qui s’en nourrissent et qui ensuite rejettent des nutriments accessibles et facilement mobilisables par les plantes pour pousser.
Au passage, une info assez impressionnante à savoir 👉 une seule cuillère à café de terre contient plus de 4 milliards de micro-organismes.
Oui, c’est énorme et ces micro-organismes ne sont pas là pour se tourner les pouces. Ils ont une mission : transformer les résidus organiques en humus, un composant clé pour la fertilité, qui permet d’obtenir des aliments riches en nutriments !
Mais attendez, ce n’est pas tout ! Les plantes peuvent aussi capter le carbone de l’atmosphère (grâce à la photosynthèse). Ce carbone, une fois absorbé, est ensuite stocké dans le sol sous forme de matière organique, principalement par les racines ou la décomposition de la matière végétale. Cela contribue à l’absorption d’une partie du CO2 de l’air. En plus, il enrichit les sols agricoles, les rendant plus fertiles et leur permettant de mieux faire face aux impacts du réchauffement climatique.
L’initiative 4 pour 1000 prouve que si on stocke du carbone dans les sols agricoles grâce à des pratiques adaptées, l’agriculture peut vraiment jouer un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique. L’idée ? Si le stock de carbone dans les sols augmentait de seulement 0,4 % chaque année, cela suffirait à stopper l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère.
Réduire le gaspillage et préserver les ressources
Selon les estimations de la FAO, environ 14% de la production alimentaire mondiale est perdue entre la récolte et la vente au détail. À cela s’ajoute le gaspillage alimentaire au niveau de la vente au détail et de la consommation, qui représente environ 17% des aliments disponibles. Ainsi, la part totale de la production alimentaire mondiale qui est perdue ou gaspillée atteint environ 31%. Et là, c’est la cata, car ce gaspillage, c’est un vrai cercle vicieux : chaque aliment jeté, c’est aussi l’eau, l’énergie et les ressources utilisées pour le produire qui partent en fumée.
Avec l’agroécologie, les cultures poussent dans des conditions plus naturelles et moins hyper-contrôlées. Résultat ? On se retrouve avec des légumes et des fruits « hors normes » ou des récoltes qui n’atteignent pas toujours les taux parfaits de sucre ou de protéines exigés par les coopératives et les supermarchés.
L’agroécologie offre des réponses concrètes aux défis posés par le changement climatique et l’épuisement des sols, comme on l’a vu précédemment. Mais elle met aussi en lumière une faille majeure dans notre système alimentaire : nos critères de commercialisation et nos habitudes de consommation.
Ce gaspillage efface aussi tout le travail d'agriculteurs qui ont cultivé ces aliments en respectant les cycles naturels et les écosystèmes. Des sols préservés, moins d’intrants chimiques, une biodiversité protégée… tout ça pour que le fruit de ces efforts termine à la benne. Un vrai gâchis, non ?
Mais heureusement certaines alternatives existent (👋 Bene Bono) Parce qu’un légume difforme reste un légume nourrissant. Pourquoi les bouder pour une question de look ? C’est comme snober un super livre juste parce que sa couverture est un peu abîmée.. Le gaspiller, c’est se priver de tout ce que cette agriculture peut nous apporter !
Conclusion
Donc, on reprend. Par les nombreuses pratiques qu’elle comprend, l'agroécologie améliore la santé des sols, booste leur fertilité et à long terme, tout en assurant des rendements agricoles plus stables et résilients. Elle contribue donc à construire des systèmes agricoles plus sains, capables de nourrir le monde d’aujourd’hui et de demain. Un vrai cercle vertueux !
Mais cette transition ne peut être portée seulement par les agriculteurs : c’est une démarche collective qui interpelle chacun de nous, consommateurs et citoyens.
Choisir des produits locaux, issus de circuits courts ou cultivés selon des pratiques respectueuses, comme Bene Bono par exemple, contribue à soutenir ces modèles agricoles et à encourager leur développement. En réduisant le gaspillage alimentaire, en valorisant les surplus et en favorisant les productions locales, on a un vrai rôle à jouer dans la durabilité du système agricole.
Chez FEVE, on croit aussi très fort à l’agroécologie, c’est pour ça qu’on soutient l’installation d’agriculteurs et d’agricultrices dans leurs démarches agroécologiques grâce à l’épargne citoyenne.
En France, 50% des agriculteurs partiront à la retraite dans les 10 ans à venir.
Conséquence concrète : 220 000 fermes sont menacées de disparaître si elles ne trouvent pas de repreneur.
Le renouvellement de génération est une problématique, mais c’est aussi une opportunité pour opérer la transition écologique de la filière agricole française.
Ainsi, FEVE finance l’achat de fermes et les loue (avec option d’achat) à des agriculteurs et agricultrices qui s’engagent à respecter une charte agroécologique ambitieuse grâce à une foncière solidaire. D’ailleurs, vous pouvez investir votre épargne, aux côtés de plus de 2000 citoyens, pour financer des fermes agroécologiques partout en France à partir de 500€.
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