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Tout comprendre sur le dernier rapport du GIEC

Jeanne

29 juin 2023

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié cette année le troisième rapport de synthèse de son sixième cycle de publications depuis sa création en 1988. Les changements causés par l’activité humaine sont sans précédent, mais les experts sont clairs : les solutions existent. Bene Bono vous propose cette semaine une approche digeste des quatre-vingt-cinq pages du dernier rapport publié par les experts, uniquement disponible en anglais.

Le GIEC : qui ? quoi ? comment ?

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 par deux institutions des Nations unies : l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Depuis plus de trois décennies, le GIEC, qui regroupe des scientifiques de 195 pays membres (soit la quasi-totalité des pays du monde), évalue de façon objective et méthodique l’état de nos connaissances à l’instant t sur la question de l’évolution du climat. Pour l’honorabilité de la démarche et pour la qualité de ses publications, le GIEC a reçu en 2007 le prix Nobel de la paix conjointement avec l’ancien vice-président américain Al Gore.

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Le GIEC rassemble des climatologues, des économistes, des sociologues et toute autre discipline jugée utile dans l’analyse. Ils sont répartis en trois groupes distincts :

  1. Le premier groupe évalue les principes physiques et écologiques du changement climatique ;
  2. Le deuxième évalue les conséquences du réchauffement climatique sur les écosystèmes ;
  3. Le troisième évalue les solutions pour atténuer le changement climatique.

À ces trois groupes, s’ajoute une équipe spéciale pour établir les inventaires nationaux de gaz à effet de serre (GES), dont l’objectif est de développer un guide méthodologique pour le suivi des émissions de GES.

Le GIEC n’est pas un laboratoire de recherche, ni une association. C’est un lieu d’expertise collective qui fonctionne sur la base d’une assemblée générale plénière, laquelle se réunit une à deux fois chaque année et dans laquelle chaque pays compte pour une voix. Lors de ces assemblées, les représentants étatiques votent les résumés des rapports d’analyses des experts, dont les conclusions sont publiées en moyenne tous les cinq ans (le GIEC a publié six rapports depuis 1990). À ce titre, les rapports du GIEC sont objectifs et ne doivent pas faire la promotion d’une recommandation politique en particulier. Les rapports doivent être ‘policy relevant, but not policy prescriptive’, c’est-à-dire pertinents politiquement, mais non prescriptifs. Le GIEC ne doit pas prendre part aux négociations sur les actions climatiques mondiales autrement qu’au titre d’observateur.

Les messages clés du rapport : un réchauffement qui s’accélère et une forte injustice sociale.

Il n’est plus rare, voire fréquent, d’entendre que le GIEC a sorti un nouveau rapport. Mais, comment se fait-il que nous entendions cette nouvelle si souvent, si le groupe n’a publié que six rapports depuis 1990 ? En réalité, le GIEC publie, au-delà de ses rapports, des analyses annexes. Il s’agit parfois de synthèses, de documents techniques et méthodologiques, et parfois de rapports spéciaux sur un thème spécifique, ce dernier étant voté par les États en assemblée plénière. Au cours de son sixième cycle, le GIEC a déjà produit trois rapports spéciaux.

Le dernier en date traite du changement climatique en 2023. Ce document a été adopté à l’issue d’une session d’approbation qui s’est tenue du 13 au 17 mars en Suisse en présence des 195 représentants des pays membres. Ce rapport spécial a fait grand bruit tant il s’agit sûrement du plus important, en ce sens qu’il est une synthèse de tous les rapports précédents. C’est aussi ce dernier rapport qui constitue la base scientifique principale de travail pour le premier bilan mondial de l’Accord de Paris, qui aura lieu lors de la COP 28 à Dubaï, prévue à la fin de l’année 2023.

Le rapport fait état de plusieurs messages clés. D’abord, le niveau de réchauffement global de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle (1850-1900) sera atteint dès 2030, et ce quels que soient les scénarios d’émissions de CO2 établis d’ici là.

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Selon les experts des Nations Unies, “Si le réchauffement climatique atteint 1,5 °C, les fortes précipitations et les inondations devraient s'intensifier et devenir plus fréquentes dans la plupart des régions [...]. Parmi les autres changements régionaux prévus figurent l'intensification des cyclones tropicaux et/ou des tempêtes extratropicales et l'augmentation de l'aridité et des incendies [...]. Les vagues de chaleur et les sécheresses cumulées deviennent probablement plus fréquentes, y compris simultanément en plusieurs endroits”.

La limite de 1,5°C avait été fixée lors de l’Accord de Paris signé le 12 décembre 2015, lors duquel tous les pays de la planète s’étaient mis d’accord pour poursuivre leurs efforts dans le but de limiter la hausse des températures à cet objectif. Selon le GIEC, les politiques actuellement mises en place conduiraient à** un réchauffement global de 2,4 °C à 3,5 °C d'ici à 2100, avec une valeur médiane estimée à 3,2 °C.**

Capture d’écran 2023-06-29 à 19.38.40.png C'est en anglais et un peu brut, mais cet extrait du rapport du GIEC a le mérite de bien illustrer la situation : si un enfant naît en 2020, il pourra vivre avec +4°C à 70 ans, dans le pire scénario.

Le second message que l’on en retient est celui de l’injustice face au dérèglement climatique. Ce sont les foyers les plus riches qui sont les plus responsables des émissions de CO2 et pourtant, ce sont **les pays les plus vulnérables qui en assument les conséquences **les plus graves. Ainsi, entre 35 et 45% des gaz à effet de serre (GES) sont liés à la consommation des 10% de foyers aux plus hauts revenus. Et, ces dernières années, les effets du changement climatique (inondations, sécheresse, tempêtes, cyclones tropicaux, entre autres) ont été quinze fois supérieurs dans les pays les plus pauvres, par rapport aux pays les plus riches.

Les solutions existent : faire un virage vers les énergies renouvelables, opter pour la sobriété et favoriser la coopération internationale.

Les experts du GIEC soulignent que nous disposons collectivement d’outils, de connaissances et de capitaux pour relever, ensemble, le défi d’une réduction forte et rapide des émissions de gaz à effet de serre et ainsi** limiter le réchauffement à +2 °C**.

La première recommandation du groupe scientifique des Nations Unies est la substitution des énergies fossiles à des énergies renouvelables, en se détournant des centrales à charbon et des véhicules thermiques et en investissant dans les énergies solaire et éolienne. À l’échelle mondiale, les énergies vertes représentent le plus fort potentiel de réduction des GES, et pourtant le GIEC indique que l’investissement dans l’énergie fossile est aujourd’hui plus élevé que celui pour l’action pour le climat. Le groupe d’experts indique que nous avons les capitaux disponibles pour investir dans des énergies renouvelables, dont le prix ne cesse de baisser (les coûts de l’énergie solaire et éolienne et des batteries en lithium ont baissé respectivement de 85%, 55% et 85% durant la dernière décennie).

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La seconde recommandation est celle de** la sobriété**, définie par le GIEC comme “un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui permettent de diminuer la demande d'énergie, de matériaux, de terres et d'eau tout en assurant le bien-être de tous les humains dans la limite de ce que peut offrir la planète”. Parmi les exemples d’actions possibles pour adopter un mode de vie plus sobre, le GIEC propose d’éviter les transports polluants, de favoriser les véhicules électriques, mais également de se tourner vers un régime alimentaire plus sain et d’éviter le gaspillage. “Les mesures axées sur l’adoption de régimes alimentaires sains et durables et la réduction des pertes alimentaires, et l'intensification durable de l'agriculture peuvent réduire les émissions de méthane et d'oxyde nitreux, et libérer des terres pour le reboisement et la restauration des écosystèmes”, souligne le GIEC.

Dans une interview récente donnée sur les ondes de France Inter, le Prix Nobel en Économie Esther Duflo, a évoqué à ce sujet certaines avancées. Plusieurs start-up, dont MyShop-Solaire et Youmma, ont créé des kits de réfrigération et de climatisation à destination des agriculteurs africains, capables de fonctionner en totale autonomie grâce à l’énergie solaire, l’objectif étant d’éviter le gaspillage d’une partie des récoltes, avant que les produits ne parviennent sur les étalages des marchés. Selon l’Agence Ecofin, spécialisée dans la gestion publique et l'économie africaine, les pertes post-récoltes (PPR) représentent 37% de la production en Afrique et sont évaluées à 48 milliards de dollars en 2017.

La troisième recommandation des experts du GIEC est celle de la coopération internationale. Les promesses des pays développés en 2018 de mobiliser 100 milliards de dollars par an à destination des pays en développement pour atténuer les effets du changement climatique et participer à des politiques d’adaptation lorsque l’atténuation n’est pas possible, n’ont pas été respectées. Dans ce contexte, la France a accueilli un Sommet pour un nouveau pacte financier mondial les 22 et 23 juin 2023. L’objectif est clair : retracer les lignes de la finance mondiale et soutenir les pays du Sud, notamment face au changement climatique.

L’urgence climatique est à nos portes, mais des solutions existent pour maintenir la température de la terre à un niveau qui diminuerait significativement les probabilités de réalisation de certaines catastrophes naturelles. Cela à condition que nous agissions de façon immédiate, responsable et soutenue. Dans ses conclusions, les experts du GIEC nous montrent qu’il est possible d’agir avec des outils et des connaissances qui sont déjà en notre possession !

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